Sortir des préjugés
Les stéréotypes et préjugés sont l’apanage de l’être humain. Ce dernier projette des images toutes faites sur certains groupes de personnes. Cette schématisation lui permet de simplifier ses interactions et de donner un sens au monde qui l’entoure.
Et il n’hésite pas à définir avec des attributs négatifs ceux qui sont considérés comme «hors norme». Se rassurant ainsi sur sa propre «normalité».
Le rôle des médias est important dans la diffusion et la consolidation de ces schémas de pensée. Une majorité reflète l’opinion dominante pour faire adhérer le public et vendre. Et les patients psychiques n’échappent pas à cette stigmatisation. Ils sont affublés d’images dévalorisantes de dépendance, ou pire, de dangerosité et de violence. Des événements exceptionnels sont surmédiatisés pour répondre au besoin, plus accrocheur, de sensationnel. Ces faits divers marquent ainsi l’inconscient collectif. Ils viennent nourrir et confirmer les stéréotypes existants.
Diverses études réalisées dans le monde montrent pourtant que seuls «0,5% à 5% des crimes commis le sont par des personnes atteintes dans leur santé mentale. Et aucun lien entre diagnostic psychiatrique et passage à l’acte violent n’a été prouvé. Par contre, un patient psychique a nettement plus de risques d’être victime d’un crime que le reste de la population», relève Christian Staerklé, professeur de psychologie sociale à l’UNIL.
Ainsi, les idées reçues ont la vie dure. Et l’évolution des mentalités est progressive. Certes, les droits des minorités sont aujourd’hui considérés comme étant plus légitimes dans l’opinion publique. La mobilisation de la société civile y a contribué. Mais il reste passablement de chemin à parcourir. La paresse cognitive guette chacun de nous. Et un exercice régulier paraît donc nécessaire pour tendre vers l’idéal d’une pensée plus complexe et plus nuancée.
Nadia Ben Said
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