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Derrière les murs

Etre frappé par la maladie psychique, et devoir vivre cette situation en prison. Comment le supporter? Comment gérer cette double peine? Comment pouvoir envisager, sinon une guérison, au moins une perspective de réinsertion? «Diagonales» s’est attelé à ces questions délicates et brûlantes. Les années passées ont connu leur lot d’affaires dramatiques qui ont profondément influencé nos perceptions des liens entre criminalité et santé mentale.

Les risques d’utilisation abusive d’instruments juridiques, initialement élaborés à des fins thérapeutiques, sont, de plus, bien présents. Liés à des évaluations médicales cherchant à estimer l’évolution future des patients, ces outils sont délicats à utiliser dans un climat sécuritaire particulier. Ils aboutissent fréquemment à une durée de détention supérieure à celle de la peine infligée par la justice. Même si, bien sûr, la société doit toujours se protéger de la criminalité la plus dangereuse.

Modestement, la rédaction a esquissé des pistes dans les domaines touchant, de plus ou moins près, la compréhension et la gestion de la santé mentale de détenus. Que ce soit dans les domaines médico-social, judiciaire, pénitentiaire et politique. A l’heure de quitter son poste de chef du Service de médecine et psychiatrie pénitentiaires du canton de Vaud, le professeur Bruno Gravier nous livre son éclairage. Dans le domaine thérapeutique, nous avons exploré les moyens susceptibles d’aider les personnes malades et privées de liberté. Des exemples choisis et concrets qui concernent les établissements de différents cantons romands.

Et puis nous avons également donné la parole à une personne touchée par la maladie psychique et incarcérée dans un établissement pénitentiaire. Sous le coup de mesures thérapeutiques, le détenu nous fait part de son ressenti. Avec de l’espoir, pour lui comme pour sa compagne, qui nous a également accordé son témoignage précieux.

Laurent Donzel

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Le Graap et la Coraasp, ainsi que la Fédération suisse des psychologues, estiment que les consultations chez un psychologue doivent être remboursées par l'assurance de base pour autant qu'un médecin, et pas forcément un psychiatre, ait prescrit la thérapie. Le système en vigueur empêche un accès rapide au système de soins: «Le délai d’attente pour une consultation en santé psychique peut atteindre plusieurs mois. Le Graap connaît des personnes qui, après de longues semaines d'attente pour voir un psychiatre, ont atterri aux Urgences du CHUV ou à Cery», explique Marie Israël dans le 24 heures du 16 septembre 2019.

La santé mentale est fondamentale

Prendre soin de son équilibre psychique est essentiel. Trop souvent, pourtant, on l’oublie. Cette dimension de l’individu est reléguée au second plan, voire ignorée totalement.

Les chiffres ne souffrent pourtant aucune contestation: les coûts liés à la santé mentale ne cessent de croître. Dans nos sociétés en pleine mutation économique, numérique, démographique et sociale, les problématiques liées à l’équilibre psychique ont malheureusement de beaux jours devant elles.

Le renforcement de la considération pour la santé mentale constitue ainsi une priorité pour le futur. L’accent doit être mis sur la prévention. Comment? «Diagonales» esquisse des pistes. Cette édition spéciale, réalisée en collaboration avec la Coraasp, est consacrée à la campagne nationale pour garder, développer ou retrouver une bonne santé mentale. Des choix ont été faits sur les problématiques pouvant affecter l’équilibre psychique à différentes périodes de l’existence: échec scolaire, sexualité, harcèlement, burnout, divorce, maladie, précarité, isolement, retraite, etc. La liste n’est pas exhaustive.

Nous avons rencontré des professionnels en lien avec la santé mentale, dans toute la Suisse romande. Des témoignages décrivent les difficultés rencontrées, mais aussi les ressources développées. Ils présentent surtout de véritables «outils» de résilience pour le lecteur. Pour entretenir cet équilibre psychique, souvent si discret mais si important, tout au long d’une vie.

Laurent Donzel

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Les folles couleurs de la «Mad Pride»

«Le 10 octobre, la Journée mondiale de la santé mentale verra la tenue d’une Mad Pride à Genève.» Quand cette phrase a été prononcée en séance de rédaction, les regards se sont croisés, intrigués: personne n’avait jamais entendu le terme «Mad Pride». Bien que cette manifestation festive existe depuis longtemps à l’étranger, aucune n’a encore eu lieu en Suisse. Et pour cause: ici, il n’est pas coutume de manifester, de se montrer, de révéler. On préfère ne pas déranger, ne pas gêner. Surtout lorsqu’on souffre, qu’on se sent particulier. Pourtant l’indifférence et le silence deviennent destructeurs. Ils peuvent même tuer.

L’idée de défiler demande donc de l’engagement, de passer un cap, mais elle semble fondamentale pour progresser. Que l’on soit atteint dans sa santé psychique, proche de personnes en souffrance, professionnel ou simplement sensible à cette situation.

La «Pride» veut faire reconnaître la santé mentale comme un besoin vital au même titre que la santé physique. Elle cherche à mobiliser les citoyens aux côtés de personnes vivant avec des troubles psychiques, et elle veut rappeler que les maladies mentales ne sont pas irréversibles, que l’on peut se soigner et avoir sa place dans la société.

Peut-être qu’ici aussi les temps changent, finalement. La honte, la pudeur, le sentiment de gêner peuvent s’effacer face au besoin de reconnaissance, de solidarité et d’union. Un récent 14 juin historique et violet est là pour nous le rappeler. La Suisse bouge et existe. Rendez-vous donc ce 10 d’octobre, déguisé ou non, au bout du lac. Pour le colorer d’un brin de folie.

Laurent Donzel

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Il faut que tu respires...

Le souffle. Un phénomène vital, instinctif, aux vertus essentielles, mais dont les répercussions sur l’ensemble de notre santé corporelle et mentale semblent sous-estimées. Des études se penchent pourtant sur ses vertus thérapeutiques. Le champ des possibles s’avère ainsi bien plus large — et prometteur — qu’imaginé. L’approche médicale holistique apparaît comme indispensable pour relier ce phénomène aux autres composants de l’être humain sur le plan physique, psychique, voire spirituel pour certains. Car les vertus de la respiration sont connues depuis des millénaires. Associée parfois historiquement à une énergie divine, elle peut se lier à une dimension méditative.

Dans une démarche moins éthérée, «Diagonales» s’est attelé à tester une méthode thérapeutique par la respiration. Notre rédacteur a essayé quelques techniques. Résultat très positif et concluant: son expression de détente après la réalisation de ce reportage valait toutes les explications du monde!

Nous avons également mis l’accent sur la méthode Feldenkrais, qui lie harmonieusement mouvement et souffle.

Car la respiration, avec son double système de contrôle, a ceci de particulier: elle se fait automatiquement, mais nous disposons aussi d’un pouvoir d’influence volontaire sur elle. L’appareil respiratoire renvoie ainsi des informations à des zones cérébrales impliquées dans les émotions. Les exercices de respiration pourraient donc modifier durablement la plasticité neuronale et déployer des effets très positifs sur la santé physique et mentale. A condition, bien sûr, de les pratiquer régulièrement. Une discipline que l’on abandonne souvent, pour des raisons un peu mystérieuses, alors que nous disposons d’un outil fondamental toujours disponible pour notre bien-être.

Laurent Donzel

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