Contraindre pour protéger?
Maladies psychiques et contrainte, tel est le thème du prochain congrès du Graap en mai. La contrainte a évolué, mais elle restera toujours l’objet d’une saine et nécessaire contestation. Son usage revêt des formes qui peuvent varier, selon l’histoire de l’établissement qui la pratique, les
cantons et les pays.
L’enfermement en chambre de soins intensifs, la fixation par des sangles ou la médication forcée constituent plusieurs de ces mesures extrêmes. Bien sûr, la contrainte est légalement autorisée: elle se justifie par la protection du patient ou d’autrui. Quand la personne en crise refuse les soins, quand elle a perdu sa capacité de discernement.
Cette limitation des libertés individuelles reste pourtant une atteinte grave aux droits de la personne. Elle est un enjeu permanent de lutte, de réinvention et de reconsidération pour tenter d’en minimiser l’impact potentiellement violent, voire destructeur, sur l’individu. Des solutions alternatives pour atténuer ces ultimes recours se sont développées. Dans ce dossier, nous abordons les directives anticipées et les plans de crise conjoints. Nous avons également voulu comprendre l’intervention de la police dans les cas d’urgences psychiatriques. Dans ces situations,
le dialogue de crise est fondamental. Une relation de communication spécifique contre la peur, prônée également du côté médical.
Pourtant, malgré cette volonté affichée de dialogue, la réalité vécue par les personnes ayant subi ces mesures peut être très traumatisante. Les témoignages nous le rappellent: des patients ont courageusement accepté de livrer leurs souvenirs douloureux. Des souvenirs que beaucoup préfèrent enfouir. Leurs propos témoignent de la violence ressentie et de la perte de dignité. Ils glacent le sang. Le dialogue, l’alliance thérapeutique, tant défendus, semblent alors bien loin.
Laurent Donzel
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