La psychoéducation, un concept en mouvement
Se former et s’informer pour mieux maîtriser sa maladie, pour mieux accompagner son proche souffrant de troubles psychiques. C’est le principe de base de la psychoéducation. Son objectif? Permettre aux personnes de surmonter leurs troubles par l’apprentissage et l’acquisition de compétences. Dans le dossier de ce numéro, «Diagonales» a voulu explorer les différentes facettes de ce concept au nom familier pour beaucoup, mais dont la véritable signification reste souvent mystérieuse.
La version classique de la psychoéducation, née dans les années 1970, réunit un groupe de pairs (personnes concernées par la maladie ou proches) pour une série de séances alliant cours et partage d’expériences. La formule est aujourd’hui largement répandue et a fait ses preuves, comme en témoignent nos articles sur des expériences genevoises et fribourgeoises.
Mais avec le temps, de nombreuses autres façons d’acquérir des connaissances sur la maladie et les traitements, que l’on peut associer à de la psychoéducation, ont vu le jour. Les prestations à la croisée des chemins entre éducation et psychologie que propose Roland Hifler dans ses centres en sont un exemple marquant, adapté aux enfants et aux jeunes adultes. Les plateformes Internet, comme le programme e-motion du Réseau fribourgeois de santé mentale, en sont une autre illustration, permettant d’atteindre des personnes isolées. Et depuis peu, un nouvel outil a fait son apparition: les «serious games», ces jeux vidéo «sérieux» à visée thérapeutique et/ou informative. Avec eux s’ouvre une nouvelle palette des possibles qui permettra certainement de toucher les nouvelles générations.
Quelle que soit sa forme, l’idée de la psychoéducation est toujours la même: transmettre des compétences et des connaissances aux personnes concernées, aux proches, voire à un plus large public dans le cas des jeux vidéo. Mais elle s’appuie également, et même surtout, sur l’expérience des personnes concernées et des proches. «La psychoéducation part de l’idée que le patient est l’expert de sa propre maladie», insiste ainsi le professeur Jean-Michel Aubry. Comme toujours en psychiatrie, l’alliance des différentes expertises constitue le préalable à toute solution durable.
Stéphanie Romanens-Pythoud
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