lundi, 07 mai 2018

Un congrès pour briser les tabous (communiqué de presse)

Le 29e congrès du Groupe d’accueil et d’action psychiatrique (Graap) a abordé, hier et aujourd’hui, un thème vital: le suicide. Plus de 600 personnes, issues d’horizons très variés, y ont participé au Casino de Montbenon, à Lausanne.

Durant ces deux jours, les échanges ont été nourris, instructifs, engagés et émouvants. Des interventions d’experts, l’expérience de personnes directement confrontées au suicide (en particulier les proches et les professionnels), ainsi que les témoignages de personnes qui ont commis une tentative de suicide, ont permis d’appréhender ce fléau. Au fil des conférences, le public a pu percevoir la souffrance aiguë des personnes assaillies par des idées suicidaires, l’impasse dans laquelle elles ont l’impression de se trouver, l’ambivalence de leurs émotions. Il a aussi pu réaliser la détresse des proches et la complexité de leur deuil, l’engagement des professionnels, ainsi que la nécessité de parler ouvertement du suicide pour mieux le prévenir.

Plusieurs intervenants ont brisé des idées reçues. Tout d’abord, la Suisse a réduit de plus d’un tiers le nombre de suicides depuis les années 1980: grâce surtout à des politiques de prévention, elle affiche désormais un taux de suicide proche de la moyenne mondiale. Le suicide des jeunes (de 15 à 29 ans) connaît toutefois une légère hausse depuis 2015, ce qui corrobore la nécessité d’une vigilance permanente en matière de prévention. Autre constat: le suicide ne peut être assimilé à un choix rationnel; il s’inscrit le plus souvent dans un contexte de crise où la personne est dissociée de son entourage et d’elle-même.

De nombreuses pistes ont été évoquées pour prévenir le suicide. Réduire l’isolement des personnes en souffrance est essentiel; la solitude et l’absence de soutien social ou psychologique augmentent les risques de commettre le geste fatal. Dans les cas les plus graves, les urgences psychiatriques jouent un rôle crucial pour sortir les personnes en crise de leur isolement. De leur côté, les groupes de parole et l’art-thérapie contribuent à atténuer les souffrances des proches endeuillés.

Enfin, le suicide recule lorsque la société ose en parler. Les tabous ont d’ailleurs fait l’objet de nombreuses discussions et interventions. D’origine religieuse et culturelle, ils ont longtemps empêché de parler du suicide et dissuadé des personnes en détresse de solliciter de l’aide. La nécessité de transformer le tabou en paroles et en actes a été soulignée par plusieurs intervenants, à l’image de Sophie Lochet, coordinatrice de STOP SUICIDE: «Chacun peut faire de la prévention en étant à l’écoute de son entourage et en laissant des portes ouvertes à ses amis pour en parler.»

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