De «bons petits soldats»
De nombreux enfants de personnes vivant avec une maladie psychique composent seuls avec un parent fragile par moment incapable d’assumer son rôle protecteur. Amenés à grandir trop vite, ils assument des responsabilités trop lourdes pour leurs petites épaules.
En «bons petits soldats», ils s’adaptent, voire se «suradaptent» à leur situation pour pallier les manques et veiller sur leur parent. Mais leur développement physique, psychique, affectif ou social est parfois en péril.
Bien que ces enfants soient conscients que leur situation familiale n’est pas «normale», ils ne comprennent pas toujours ce qui se passe. La maladie n’est souvent pas expliquée à l’enfant, tant il est difficile pour le parent de verbaliser ce qu’il vit. Il arrive que le trouble soit même complètement nié.
Isolés, vivant dans la honte, beaucoup d’enfants passent à travers les mailles du filet social, alors qu’ils auraient grand besoin d’être entendus, pris en compte, outillés pour faire face. Le Service de protection de la jeunesse du canton de Vaud le souligne dans ce dossier: les situations qui présentent un risque pour les enfants de personnes malades psychiques lui sont souvent signalées tardivement.
En amont, des lieux de soutien existent bel et bien, à l’image du Biceps, à Genève, qui permet aux enfants de partager leurs difficultés et qui les accompagne pour améliorer leur quotidien. Il y a aussi la fondation As’trame, à Lausanne, qui vient de mettre en place un groupe de soutien et d’échange. Du côté des parents, des groupes sont en place pour les aider à parler de leur maladie à leurs enfants, comme à l’Hôpital psychiatrique de Malévoz.
Ces offres sont toutefois rares. Et encore faut-il que ces enfants et leurs parents sortent de l’ombre et de la honte pour bénéficier de ces services. Heureusement, comme le montre le témoignage d’Aurélie*, la plupart de ces enfants sont incroyablement résilients. Ils parviennent à tirer le meilleur de leur situation difficile et développent des compétences utiles tout au long de leur vie.
Stéphanie Romanens-Pythoud
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* Prénom d’emprunt
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