mercredi, 06 juillet 2016

Diagonales 112, dossier Migration: un voyage vers l'inconnu

Présentation

Le choc de la migration

Une migration n’est jamais anodine. Quelles qu’en soient les raisons. Elle implique un déracinement, des changements d’habitude, de culture, des nouveaux repères à trouver, un réseau à retisser, une nouvelle place sociale à définir.

Alors, quand la migration est forcée, qu’elle est synonyme de fuite pour échapper à l’extrême pauvreté, à la violence, à la menace, à la mort; quand elle implique un long voyage, périlleux et épuisant; quand au bout du chemin l’accueil est frileux, que le risque d’être renvoyé à la case départ est permanent... la rupture est d’autant plus abrupte, l’isolement plus important, les conséquences psychiques quasi inévitables. «En quittant mon pays, j’ai tout perdu», illustre Fidel dans le témoignage que nous publions dans ce dossier consacré à la migration et à son impact psychique.

La dépression, les troubles anxieux, le syndrome de stress post-traumatique sont d’ailleurs fréquents parmi les migrants forcés et, en particulier, les personnes dont la situation relève du domaine de l'asile. Les deux médecins spécialistes interviewés dans notre dossier sont unanimes à ce sujet. Les comportements à risque, comme la consommation de stupéfiants, sont eux aussi répandus, expressions d’un mal-être profond.

Pour répondre à cette détresse, des établissements se sont spécialisés dans la prise en charge des migrants, comme le Centre pour les populations vulnérables, à Lausanne, ou le Centre ambulatoire de psychiatrie et psychothérapie de La Servette, attenant aux HUG à Genève. Des associations comme Appartenances font également un travail remarquable, proposant des consultations individuelles, des prises en charge à long terme, et oeuvrant pour la prévention de la santé chez les migrants. Sans compter le travail indispensable que fait Médecins sans Frontières pour soutenir les réfugiés dans les camps proches des zones de conflits et pour redonner un semblant de normalité à leur vie.

Reste que de nombreux migrants (sur)vivent encore chez nous sans aucun accompagnement socio-psychologique, alors qu’ils en auraient besoin. Par isolement, pour des raisons culturelles, par sentiment de honte, par manque d’information. Des efforts pour renforcer l’accès aux soins sont actuellement déployés. Il est urgent de continuer sur cette voie et, plus généralement, d’améliorer les conditions d’accueil des migrants et des personnes qui dépendent du droit d’asile pour, enfin, adoucir quelque peu le choc de leur migration.

Stéphanie Romanens-Pythoud

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