Diagonales, magazine romand de la santé mentale

À consommer avec modération

Le stress est un phénomène majeur qui impacte nos sociétés. Il est généralement considéré négativement, mais il constitue pourtant, à la base, un processus qui nous permet de réagir à notre environnement, voire de survivre, tout simplement. Lorsque, bien sûr, il est subi à dose raisonnable. D’aigu il peut devenir chronique, et provoquer malheureusement de lourds dégâts psychiques et physiques. Le burn-out en est un exemple douloureux.

Nous ne sommes pas égaux devant le stress, certes, mais chacun dispose pourtant de capacités et de moyens spécifiques pour y faire face. «Diagonales» a souhaité donner la parole à des personnes habituées aux situations périlleuses. Des alpinistes, comme Jean Troillet, ou une sportive de l’extrême, Géraldine Fasnacht. Ni des héros, ni des surhommes, mais des passionnés témoignant avec humilité de leur manière de gérer les circonstances difficiles, tout en maintenant leur équilibre mental.

A l’heure actuelle, les problématiques de santé psychologique prennent une dimension particulièrement préoccupante avec la crise du coronavirus. Comme le rapportait l’ONU en mai, le stress et les troubles de santé mentale constituent «l’autre fléau de la pandémie». L’effort entrepris à l’échelle mondiale pour lutter contre le virus rend moins visible la propagation des troubles psychologiques. L’organisation appelle à investir massivement pour ce secteur, «après des décennies de négligence et de sous-investissement».

Et puis, la rédaction a malheureusement l’immense tristesse de vous faire part du décès d’Alexandre Mariéthoz, rédacteur en chef adjoint, qui nous a quittés le 18 avril dernier. Un homme exceptionnel, tant par son immense intelligence que ses très grandes qualités humaines. Tous les collaborateurs s’associent pour formuler leurs condoléances et leur sympathie à sa famille et à ses proches.

Laurent Donzel

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Des pouvoirs magiques

Avez-vous bien dormi? Banale, cette question est pourtant essentielle. Le sommeil est vital pour notre santé: il assure l’équilibre hormonal du corps, favorise les processus de mémorisation et permet l’élimination des toxines du cerveau.

Le sommeil est au centre des réflexions humaines depuis la nuit des temps. Les rêves en particulier ont toujours fait l’objet d’une grande attention; on leur a parfois attribué des pouvoirs magiques ou une dimension prémonitoire. La psychanalyse leur confère une importance cruciale pour comprendre les tréfonds de notre inconscient.

Depuis l’invention de l’électricité, qui a permis d’être actif et de travailler la nuit, la durée du sommeil a progressivement diminué. Lorsque le sommeil est perturbé, tout se dérègle. Plusieurs témoignages que nous avons recueillis montrent à quel point l’insomnie peut chambouler, voire menacer une existence. On estime que 10% de la population souffre d’insomnies sévères et que 40% de la population est confrontée à des insomnies de moindre sévérité. Bref, l’insomnie nous concerne tous, directement ou indirectement. Ce fléau des temps modernes est d’autant plus préoccupant que l’insomnie fait le lit de maladies psychiques, notamment le burnout et la dépression.

Comment y remédier? Dans une société toujours en éveil, où les sollicitations sont permanentes et où la lumière bleue a envahi nos chambres à coucher, les solutions sont parfois contre-intuitives. Des thérapies cognitivo-comportementales misent, entre autres, sur la restriction du temps passé au lit afin que ce dernier soit à nouveau associé au plaisir d’un sommeil réparateur. D’autres pistes, exposées dans notre dossier, vous aideront à bien dormir la nuit prochaine.

Alexandre Mariéthoz

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Derrière les murs

Etre frappé par la maladie psychique, et devoir vivre cette situation en prison. Comment le supporter? Comment gérer cette double peine? Comment pouvoir envisager, sinon une guérison, au moins une perspective de réinsertion? «Diagonales» s’est attelé à ces questions délicates et brûlantes. Les années passées ont connu leur lot d’affaires dramatiques qui ont profondément influencé nos perceptions des liens entre criminalité et santé mentale.

Les risques d’utilisation abusive d’instruments juridiques, initialement élaborés à des fins thérapeutiques, sont, de plus, bien présents. Liés à des évaluations médicales cherchant à estimer l’évolution future des patients, ces outils sont délicats à utiliser dans un climat sécuritaire particulier. Ils aboutissent fréquemment à une durée de détention supérieure à celle de la peine infligée par la justice. Même si, bien sûr, la société doit toujours se protéger de la criminalité la plus dangereuse.

Modestement, la rédaction a esquissé des pistes dans les domaines touchant, de plus ou moins près, la compréhension et la gestion de la santé mentale de détenus. Que ce soit dans les domaines médico-social, judiciaire, pénitentiaire et politique. A l’heure de quitter son poste de chef du Service de médecine et psychiatrie pénitentiaires du canton de Vaud, le professeur Bruno Gravier nous livre son éclairage. Dans le domaine thérapeutique, nous avons exploré les moyens susceptibles d’aider les personnes malades et privées de liberté. Des exemples choisis et concrets qui concernent les établissements de différents cantons romands.

Et puis nous avons également donné la parole à une personne touchée par la maladie psychique et incarcérée dans un établissement pénitentiaire. Sous le coup de mesures thérapeutiques, le détenu nous fait part de son ressenti. Avec de l’espoir, pour lui comme pour sa compagne, qui nous a également accordé son témoignage précieux.

Laurent Donzel

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La santé mentale est fondamentale

Prendre soin de son équilibre psychique est essentiel. Trop souvent, pourtant, on l’oublie. Cette dimension de l’individu est reléguée au second plan, voire ignorée totalement.

Les chiffres ne souffrent pourtant aucune contestation: les coûts liés à la santé mentale ne cessent de croître. Dans nos sociétés en pleine mutation économique, numérique, démographique et sociale, les problématiques liées à l’équilibre psychique ont malheureusement de beaux jours devant elles.

Le renforcement de la considération pour la santé mentale constitue ainsi une priorité pour le futur. L’accent doit être mis sur la prévention. Comment? «Diagonales» esquisse des pistes. Cette édition spéciale, réalisée en collaboration avec la Coraasp, est consacrée à la campagne nationale pour garder, développer ou retrouver une bonne santé mentale. Des choix ont été faits sur les problématiques pouvant affecter l’équilibre psychique à différentes périodes de l’existence: échec scolaire, sexualité, harcèlement, burnout, divorce, maladie, précarité, isolement, retraite, etc. La liste n’est pas exhaustive.

Nous avons rencontré des professionnels en lien avec la santé mentale, dans toute la Suisse romande. Des témoignages décrivent les difficultés rencontrées, mais aussi les ressources développées. Ils présentent surtout de véritables «outils» de résilience pour le lecteur. Pour entretenir cet équilibre psychique, souvent si discret mais si important, tout au long d’une vie.

Laurent Donzel

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Les folles couleurs de la «Mad Pride»

«Le 10 octobre, la Journée mondiale de la santé mentale verra la tenue d’une Mad Pride à Genève.» Quand cette phrase a été prononcée en séance de rédaction, les regards se sont croisés, intrigués: personne n’avait jamais entendu le terme «Mad Pride». Bien que cette manifestation festive existe depuis longtemps à l’étranger, aucune n’a encore eu lieu en Suisse. Et pour cause: ici, il n’est pas coutume de manifester, de se montrer, de révéler. On préfère ne pas déranger, ne pas gêner. Surtout lorsqu’on souffre, qu’on se sent particulier. Pourtant l’indifférence et le silence deviennent destructeurs. Ils peuvent même tuer.

L’idée de défiler demande donc de l’engagement, de passer un cap, mais elle semble fondamentale pour progresser. Que l’on soit atteint dans sa santé psychique, proche de personnes en souffrance, professionnel ou simplement sensible à cette situation.

La «Pride» veut faire reconnaître la santé mentale comme un besoin vital au même titre que la santé physique. Elle cherche à mobiliser les citoyens aux côtés de personnes vivant avec des troubles psychiques, et elle veut rappeler que les maladies mentales ne sont pas irréversibles, que l’on peut se soigner et avoir sa place dans la société.

Peut-être qu’ici aussi les temps changent, finalement. La honte, la pudeur, le sentiment de gêner peuvent s’effacer face au besoin de reconnaissance, de solidarité et d’union. Un récent 14 juin historique et violet est là pour nous le rappeler. La Suisse bouge et existe. Rendez-vous donc ce 10 d’octobre, déguisé ou non, au bout du lac. Pour le colorer d’un brin de folie.

Laurent Donzel

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