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Parler plus fort

Dans notre pays, selon les chiffres de l’Observatoire suisse de la santé, environ 1000 personnes se suicident chaque année. C’est beaucoup, même si ce taux est proche de la moyenne mondiale. Pourtant, le sujet reste tabou, comme on peut le percevoir dans notre dossier consacré à la question, en complément du prochain congrès du Graap qui aura lieu les 2 et 3 mai prochain au Casino de Montbenon, à Lausanne.

Briser ce tabou et encourager les personnes qui pensent au suicide à en parler: tels sont les enjeux majeurs de la prévention. «Libérer la parole est la première étape pour trouver de l’aide», rappelle Léonore Dupanloup, chargée de communication et de la prévention médias à l’Association Stop Suicide. Elle fait ainsi écho au slogan de la campagne de prévention contre le suicide des CFF et
du canton de Zurich «Parler peut sauver». Car oui, parler peut sauver. Une politique active de prévention du suicide permet bel et bien de diminuer le nombre de personnes qui mettent fin à leur jour. Plusieurs pays en ont fait l’expérience, y compris la Suisse.

Parler, c’est donc faire campagne contre le suicide. C’est aborder publiquement la question dans les écoles, les médias et la société en général. C’est informer la population et former les professionnels. C’est faire des recherches pour mieux connaître le phénomène, c’est sensibiliser les politiques. Parler, c’est également oser aborder le sujet en famille ou entre amis. C’est pouvoir confier ses peurs et ses émotions, en toute confiance, à un proche ou à des professionnels. Car parler, c’est aussi se mettre à l’écoute de l’autre, prendre au sérieux ce qu’il nous confie, l’accompagner et l’orienter au besoin vers un service d’aide adéquat. Parler, c’est encore soutenir
les proches lorsque la personne est malgré tout passée à l’acte, leur dire qu’ils n’ont pas à se sentir coupables.

La Suisse compte plusieurs organisations qui font un travail important dans tous ces domaines, à l’image, de ce côté-ci de la Sarine, de Stop Suicide ou de Pars Pas. Et depuis 2016, elle agit de manière plus coordonnée, grâce à l’adoption d’un plan d’action pour la prévention du suicide au niveau national. Ces démarches sont indispensables, et il importe de les soutenir, de les renforcer. Car pour diminuer durablement le taux de suicide dans notre pays, il va falloir que plus de monde parle plus fort.

Stéphanie Romanens-Pythoud

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Le 15 février 2018, la RTS1 a diffusé le reportage "Une vie de jeune en psychiatrie" dans son émission Temps Présent. Des jeunes fréquentant l'Institut Maïeutique à Lausanne y racontent avec courage leur foi dans l'avenir malgré la maladie. Vous pouvez visionner ce reportage sur la page Temps Présent du site de la RTS.

Une union complexe

Addiction et troubles psychiques font malheureusement bon ménage. Un ménage uni par des liens complexes, qu’il est difficile de démêler. Est-ce un trouble psychique qui pousse une personne vers un comportement addictif? Est-ce plutôt l’inverse? Un tel lien de cause à effet peut-il être établi? Comme bien souvent, la réponse à ces questions dépend de la situation, même si des tendances se dessinent dans certains cas, comme le précise le professeur Jacques Besson. Dans notre dossier consacré au sujet, il affirme: «On parle de double diagnostic, mais dans bien des situations, on devrait plutôt parler de triple, voire de quadruple diagnostic.»

Quoi qu’il en soit, les personnes concernées par ces diagnostics multiples tombent vite dans une sorte de «spirale infernale». Dans son témoignage, Antoine apparente l’addiction à une béquille que la personne dépendante utilise pour apaiser son mal-être. Lorsque la première béquille ne déploie plus tout son effet, elle la remplace par une nouvelle canne. «Finalement, tu te retrouves avec tellement de béquilles que la simple idée de t’en débarrasser te décourage», explique-t-il. Parmi elles figurent l’addiction aux drogues légales et illégales, l’addiction sans substances (jeux, Internet, etc.), mais aussi l’addiction aux médicaments. En Suisse, quelque 60 000 personnes souffrent d’une dépendance aux psychotropes, selon le Dr Mohamed Hachaichi.

Dès lors, une volonté de fer et des efforts faramineux sont nécessaires aux personnes concernées pour s’en sortir. Et un soutien professionnel adéquat est indispensable. Dans ce domaine, le canton de Vaud fait plutôt figure de bon élève. Depuis plusieurs années, les différents acteurs impliqués travaillent en bonne collaboration avec, notamment, un dispositif de liaison en addictologie pour épauler les équipes de psychiatrie générale et un volet addictologique pour le suivi intensif dans le milieu.

Bien entendu, il reste encore beaucoup à faire, mais cette collaboration de toutes et tous est un pas important. Les structures comme la Fondation ABS (Accueil à bas seuil), que nous présentons dans ce dossier, forment également un précieux maillon de la chaîne, contribuant à réduire les risques sanitaires pour les personnes concernées et accueillant, dans l’anonymat, celles et ceux qui ne parviennent pas à se maintenir dans une structure de soin. Une porte ouverte qui peut faire la différence.

Stéphanie Romanens-Pythoud

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Le Bal de l’Entraide s’est déroulé hier soir au Casino de Montreux, en présence de plus de 600 participants. Il a permis à des personnes d’horizons très divers de se côtoyer et de danser en toute décontraction. Cet événement a clos en beauté les événements organisés pour les 30 ans du Graap.
 
Les festivités ont débuté vers 18h30, puis se sont prolongées jusque tard dans la nuit. Les 600 convives ont pu découvrir, puis acheter aux enchères, des œuvres d’art réalisées par des artistes du Graap. Tout au long de la soirée, des personnes issues de milieux très différents, mais toutes exposées à la vulnérabilité, ont échangé et dansé ensemble, ce qui a contribué à atténuer les préjugés qui, parfois, entourent encore la maladie psychique.
 
L’entier du bénéfice de la soirée financera une cuisine professionnelle dans le nouveau centre du Graap de la Riviera. «Cela dit, relève Dominique Brustlein, cheville-ouvrière de l’organisation du bal, le résultat de cet événement ne se résume pas, et de loin, à la somme recueillie. Il a permis de faire encore davantage connaître le Graap et, surtout, de sensibiliser un large public à la fragilité psychique. Le monde actuel est de plus en plus stressant, impitoyable et axé sur la compétition. Dans un tel contexte, nous risquons tous de décrocher et d’avoir, un jour, besoin du Graap pour retrouver la faculté d’influer sur notre avenir.»
 
«Cet événement a clos en beauté les festivités organisées pour nos 30 ans, ajoute Jean-Pierre Zbinden, directeur du Graap. Pour commémorer ses 30 ans, Ie Graap a élaboré, en partenariat avec ses deux consœurs l’AFAAP[1] et l’ANAAP[2], un ouvrage inédit sur la mobilisation des patients en Suisse romande depuis les années 1980.» Cet ouvrage, édité par Médecine & Hygiène et intitulé «Folie à temps partiel: d’objet de soins à citoyen», est disponible en librairie depuis le 17 mai dernier. «Le Graap, poursuit Jean-Pierre Zbinden, a ensuite, en collaboration avec Rebond’Art, mis sur pied une pièce de théâtre, ‘’On est tous Achille’’, qui a fait salle comble à Colombier (NE), puis à Lausanne. Le succès de la pièce est tel qu’elle sera à coup sûr rejouée l’année prochaine. Enfin, le Bal de l’Entraide a dépassé nos espérances avec plus de 600 participants.»
 
Tous ces événements ont contribué à atténuer les préjugés à l’encontre des personnes en proie à des troubles psychiques et à montrer que nous sommes tous vulnérables.
 
Marie Israël et Alexandre Mariéthoz
 

Crédit-photo: Michael Zen Ruffinen.
 

 

Le dimanche 19 novembre, la RTS1 a passé un reportage sur les PLAFA (placements à des fins d’assistance) au journal de 19:30.
 Inititulé "Urgences psychiatriques: hospitalisations forcées en augmentation",  vous pouvez le visionner sur le site de la RTS1.

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